Qu'est-ce qu'une gravure ? Le MoMA propose un petit tutoriel interactif en anglais, simple et bien fait, des quatre principales techniques utilisées. Pour comprendre ce qui différencie gravure sur bois, gravure à l'eau-forte, lithographie et sérigraphie.
Les anglicistes peuvent utiliser directement le tutoriel en cliquant sur l'image ci-dessous. Pour les autres, nous proposons un résumé en français, à toute fin utile.
La gravure est une œuvre d'art créée à partir d'un processus de tranfert indirect de l'encre sur le papier. L'artiste réalise sa composition sur une surface et le transfert s'opère lorsque la feuille de papier entre en contact avec cette surface, le plus souvent par le biais d'une presse. L'avantage de la gravure : de multiples impressions identiques peuvent être réalisées à partir d'une même matrice (pour les tirages en plusieurs couleurs, l'opération décrite est répétée pour chaque couleur).
Gravure sur bois / Woodcut
Cette technique, la plus ancienne, apparue en Chine au IXe siècle, arrive en Europe au début du XVe ; elle est alors utilisée pour imprimer les tissus, textiles et cartes à jouer. C'est avec Albrecht Dürer et les artistes scandinaves qu'elle acquiert le statut de technique artistique au XVIe siècle.
1. La taille du bois. Après avoir réalisé sa composition sur une pièce de bois, l'artiste utilise différents outils pour creuser la surface et en ôter le bois là où il ne veut pas que le papier reçoive l'encre.
2. L'encrage. Les portions de bois en relief sont encrées à l'aide d'un rouleau.
3. L'impression. Une feuille de papier est posée sur le bloc encré. L'artiste frotte la surface de la feuille à l'aide d'une spatule ou d'une cuillère (ou la passe sous presse) de manière à faire aparaître la totalité du dessin.
4. Le tirage. Lorsque la feuille est ôtée du bloc, la composition a été imprimée en image inversée, et les portions de bois coupées sont restées vierges de toute encre.
Gravure à l'eau-forte / Etching
Cette technique de gravure indirecte en creux ou taille-douce (proche de la mezzotinte et de l'aquatinte) fit son apparition au début du XVIe siècle, lorsqu'on découvrit que l'acide pouvait faire apparaître les détails d'une image réalisée au trait sur une plaque métallique (l'acide nitrique étendu d'eau était appelé eau-forte).
1. La préparation du fond. Un vernis à graver, résistant à l'acide, est appliqué au pinceau sur une plaque de métal (généralement du cuivre).
2. Le dessin. Une fois la surface sèche, l'artiste réalise sa composition à l'aide d'une pointe métallique qui entaille la préparation pour exposer le métal.
3. Le bain d'acide. La plaque est immergée dans un bain d'acide. L'acide pénètre le métal et le "mord", tandis que la préparation à base de vernis protège la surface de ses attaques.
4. Le nettoyage. Une fois le métal du dessin mordu à la profondeur souhaitée, l'artiste retire la plaque du bain d'acide et ôte le vernis protecteur avec un solvant.
5. L'encrage. La plaque est encrée sur toute sa surface de sorte que l'encre pénètre dans les lignes incisées.
6. Le polissage. La plaque est essuyée à l'aide d'un chiffon (tarlatane), papier journal et papier de soie, afin d'éliminer l'excédent de pigments hors des incisions.
7. L'impression. La plaque de métal est placée, dessin vers le ciel, sur le lit d'une presse. Une feuille de papier humide est posée dessus, puis recouverte par des langes, avant d'être passée sous la presse. La pression force le papier à récupérer l'encre dans les lignes.
8. Le tirage. Lorsque le papier est retiré, l'image apparaît inversée. La feuille de papier étant plus grande que la plaque, la marque des bords laisse apparaître un cadre irrégulier.
Lithographie / Lithography
Inventée en 1798 par l'Allemand Aloys Senefelder, la lithographie (du grec lithos, pierre, et graphein, écrire) ou impression à plat connaît son véritable essor au XIXe, avec Bonnard et Toulouse-Lautrec parmi d'autres. Si la technique plaît, c'est parce qu'elle s'exécute sur une surface plane, comme le dessin au crayon ou à l'aquarelle, et présente peu de contraintes techniques.
1. Le tracé. Avec un crayon lithographique ou crayon gras, l'artiste réalise son dessin sur une pierre calcaire préalablement grainée par ponçage.
2. Le traitement de la pierre. Une solution chimique (acide nitrique) est appliquée sur la pierre de manière à ce que la graisse du tracé attire l'encre et les parties vierges l'eau, la pierre calcaire étant poreuse.
3. La fixation du dessin. On essuie la pierre avec un solvant comme la térébenthine ou la gomme arabique, pour faire en sorte que seul le gras du tracé original reste fixé sur la pierre, et pour accentuer le caractère hydrophile des parties vierges.
4. L'humidification de la pierre. On passe la pierre à l'éponge humide : l'eau est absorbée par les parties vierges, le dessin est prêt pour l'encrage.
5. L'encrage. On applique sur la surface de la pierre, à l'aide d'un rouleau en caoutchouc, une encre grasse à base d'huile : l'huile et l'eau ne se mélangeant pas, l'encre est repoussée par les parties humides et se dépose seulement sur le gras du tracé.
6. L'impression. La pierre correctement encrée est placée sur une presse lithographique. Une feuille de papier légèrement humidifiée est disposée sur la pierre, recouverte de langes, puis passée sous presse.
7. Le tirage. Lorsque le papier est retiré, l'image apparaît inversée.
Sérigraphie / Screenprint
Le terme est né à la fin des années 1930 pour distinguer les artistes travaillant au pochoir des publicitaires qui utilisent la même technique à des fins commerciales. La sérigraphie connaît son essor dans les années 1960, avec le pop art.
1. La découpe au pochoir. L'artiste découpe son image dans une feuille de papier ou un film plastique à l'aide d'un cutter, de sorte que les parties ainsi ôtées puissent seules recevoir l'encre.
2. La fixation du pochoir. Le pochoir est fixé sur un tissu à mailles très fines (ordinairement, de la soie ou du nylon) fermement tendu sur un cadre en bois. On place le papier sous ce cadre et on dispose l'encre sérigraphique le long du bord haut du cadre.
3. L'impression. À l'aide d'une raclette en caoutchouc, l'encre est pressée et lissée le long du pochoir de manière à se déposer à travers les espaces vides sur le papier placé dessous.
4. Le tirage. Le cadre est ôté. L'image apparaît (non inversée) sur le papier.
Pour illustrer chaque technique, le MoMA propose une sélection d'œuvres. On peut également consulter le glossaire des termes techniques et la bibliographie sélective (le tout en anglais) : What is a Print ?
Images extraites de What is a Print ©MoMA 2001